FÉVRIER-MARS 2025
Avancer pour éviter le statu quo
Depuis un bon bout de temps, vous avez été plusieurs à m’écrire, à vouloir me rencontrer afin de me faire part de votre déception à la suite de la démolition de certains bâtiments dans notre ville.
Les commentaires qui revenaient le plus souvent sont :
-Nous perdons notre patrimoine…
-Vous détruisez des souvenirs…
-Vous détruisez trop rapidement…
-Edmundston est la championne des démolitions…
Edmundston existe depuis plus de 100 ans. Notre ville, elle en a vu des bâtiments arriver… et partir.
L’Académie Conway : construite en 1928-29, elle est démolie en 1978 pour faire place au Carrefour Assomption, à l’hôtel et à notre Palais des Congrès qui, soit dit en passant, est l’un des deux seuls à appartenir à une municipalité (l’autre étant situé à Fredericton) et le seul à appartenir à une municipalité francophone.
L'École Cormier : construite en 1905 et agrandie en 1923, l’école est démolie en 2007. Le District scolaire francophone entreprend une refonte et envoie les élèves de 7e et 8e année dans les écoles primaires et les élèves de 9e année au secondaire. Sur le même site apparaîtra en 2012 un complexe ultra-moderne abritant la Force policière d’Edmundston, la Bibliothèque publique du Haut-St-Jean ainsi que des bureaux provinciaux et fédéraux.
Le Forum : construit en 1966-67, une partie s'écrase en 1969 et la reconstruction se fait en 1969-1970. Il est démoli en 2006, alors que les coûts de rénovation dépassent ceux d’une nouvelle construction. Des visionnaires voient grand : l’idée de faire un grand campus atour de l’UMCE et la CDJ. Ce projet se fera étape par étape. On y verra l’ajout du Pavillon sportif, la construction du CCNB et la construction du plus bel amphithéâtre au N.-B., le Centre Jean-Daigle. Quand nous recevons des maires d'autres municipalités du N.-B., tous et toutes veulent venir voir nos infrastructures de l’Édupôle, unique en son genre! Ils se demandent comment nous avons fait... nous avons été visionnaires!
Nous sommes chanceux d’avoir eu des gens qui ont osé. Oui, nous avons vécu de beaux moments, des championnats, des gros spectacles, des graduations, plein de beaux souvenirs!
La disparition de certains bâtiments qui ont fait partie de notre décor pendant des années, comme l’ancien CCNB ou l’École Sacré-Cœur n’est pas du nouveau pour notre ville. Une orientation stratégique fait en sorte que des décisions sur l'avenir de ces bâtiments, aussi difficiles qu'elles sont à prendre, doivent être prises. Il faut avancer pour éviter de faire du surplace.
La partie émotive sera toujours présente. Je suis moi-même allé à l’École Sacré-Cœur lors de mon passage au primaire, puis à l’École Cormier. Oui, pour les 2, lors de leurs démolitions respectives, je me suis arrêté, je suis allé voir, j’ai expliqué à mes enfants comment ça se passait dans ces écoles. À même ces souvenirs, la question de vouloir avancer prime.
Maintenant allons aux faits, disons les vraies choses. Les ingénieurs "Facebook" de ce monde vous diront que ces bâtiments auraient pu servir pour développer des appartements, un parc intérieur pour enfants, pour un Costco, un autre centre d’achat…
L’ancien CCNB… avant sa démolition au printemps dernier, on voyait de la mousse poussant sur les murs. Le propriétaire avait même permis de retirer les unités de chauffage sur le toit. La pluie et la neige entraient au gré des saisons.
Certains entrepreneurs locaux ont tenté de s’en approprier, mais le propriétaire ne collaborait pas et ce, même avec une intervention directe de nos employés municipaux et de ma part. Comme pour un arbre mort ou en train de mourir, il fallait intervenir. Pour la municipalité, c’était un cas de sécurité publique.
L’École Sacré Cœur… Malgré les tentatives de groupes pour s’en approprier dès 2005 (je faisais partie d’un de ses groupes qui voulait s’en approprier pour une OSBL), le ministère des Transports de l’époque notait l'importance de cette école au bas de sa liste. Malheureusement, après de nombreuses tentatives par la municipalité et de notre députation locale, il fallait se rendre à l’évidence que le bâtiment ne pouvait plus être sauvé. Les employés du ministère ne voulaient plus entrer à l’intérieur en raison de la présence de moisissure noire (black mold).
Quand on regarde en arrière, on comprend que des bâtiments apparaîtront tandis que d'autres disparaitront. Le prochain sur la liste se trouve sur la rue de l’Église. Eh oui, nous travaillons à la réalisation d’un projet d’envergure incluant des logements abordables ainsi qu'un espace commercial. Ce projet, va modifier le visage du Centre-Ville d’Edmundston.
Quand le conseil municipal prend la décision de faire disparaître un bâtiment, il le fait en toute connaissance de cause avec des données à l'appui.
Il faut aussi dire que même si on parle beaucoup de démolition, il y a aussi des belles histoires à succès : l’ancien poste de police sur la rue de l’Église qui abrite maintenant une boutique : Au Bout du Monde; un restaurant : le Moonshin'hers; une microbrasserie : Les Brasseurs du Petit-Sault et d'autres entreprises. Le Centre des Arts; l’ancienne École St.Mary’s, etc... Ce n'est pas tout ce qui se bâtit qui est démoli. Lorsque des bâtiments sont bien entretenus, il est possible d’y voir de grands projets se réaliser.
Je termine sur cette réflexion : l’année dernière à ma résidence, j’avais un érable de la Norvège qui est vite devenu en un piteux état à la suite d’un évènement météo. Cet arbre, je l’avais planté très jeune avec mon grand-père. Je suis devenu propriétaire de cette belle résidence avec « mon » érable. Cet arbre a toujours eu une place spéciale dans ma vie mais aussi dans la vie de mes enfants.
À la suite du retrait de l’arbre, j’ai fait des modifications importantes à mon terrain qui m’ont apporté à repenser mon aménagement paysager pour le rendre encore plus beau. Je garde de beaux souvenirs de cet arbre, mais les changements me font réaliser que la bonne décision a été prise.
Gens d'Edmundston, si nous voulons éviter le statu quo, il faut avancer.
Eric Marquis
Maire de la Ville d'Edmundston
Vivre avec le changement : une réalité plus présente et frappante que jamais
Que ce soit, changer de voiture… Changer d’emploi… Changer de quartier… Changer d’école…. Changer d’iPhone… Ce sont tous des changements qui font partie de la vie. Ces changements causent parfois de l’incertitude, du questionnement et bien souvent, la crainte de l’échec. La plupart des êtres humains se sentent bien dans leur routine, s’habituent à un certain confort et veulent plus souvent qu’autrement, éviter les situations instables.
La Ville d’Edmundston vit présentement les plus grands changements de son histoire. Ces changements nous apportent plus que jamais des questionnements difficiles. Il y a la crainte de perdre des acquis. Il y a la peur de ne pas pouvoir s’adapter à une nouvelle réalité. Certaines et certains d’entre nous peuvent aussi avoir le sentiment de perdre notre identité, nos valeurs et nos croyances. Il y a finalement le questionnement à savoir si nous faisons la bonne chose.
Malgré toutes ces appréhensions, l’être humain a toujours réussi à avancer. Ça ne sera pas différent pour notre ville.
En 2021, le conseil municipal s’est donné une mission, une vision et un plan stratégique aligné vers le changement. Il n’est plus question de demeurer dans la routine, dans ses vieilles pantoufles. Ne pas bouger fait en sorte que nous allons arrêter d’évoluer et perdre de belles occasions à plusieurs niveaux.
Edmundston doit faire face à une compétition féroce. Edmundston doit s’adapter, doit changer. C’est pour cette raison que le conseil s’est donné un mandat fort pour assurer le développement domiciliaire à l’intérieur de ses limites. C’est pour cette raison qu’Edmundston va apporter une nouvelle vision vers le développement de ses rues. C’est pour cette raison qu’Edmundston va poursuivre le développement d’évènements d’envergure qui dérangent parfois la routine.
Les prochaines semaines, mois et années seront signe de renouveau. Ce renouveau peut surprendre. On verra l’apparition de nouveaux bâtiments, la démolition de d’autres. On verra un système de transport en commun. On fait et on continuera de faire une place à différentes cultures, ce qui va rendre notre communauté plus intéressante que jamais.
Une chose restera constante : le changement! Alors aussi bien vivre avec et l’apprivoiser.
Faites partie du changement!
Eric Marquis
Maire de la Ville d'Edmundston